histoire de la langue française


La langue française est la langue parlée en France et dans les pays francophones. C’est une langue romane ou néo-latine (comme l’italien, l’espagnol, le portugais et le roumain) qui vient en grande partie du latin.

Vieille de plus de 1 000 ans, elle a une histoire longue et complexe et reste en constante évolution.

D’OÙ VIENNENT LES MOTS DU FRANÇAIS ?

Les mots français ont trois origines possibles :

→ ce que l’on appelle le fond primitif, c’est-à-dire le vocabulaire latin « vulgaire » que l’on parlait en Gaule ;

→ ce que l’on appelle les emprunts, c’est-à-dire le vocabulaire emprunté à une autre langue ;

→ ce que l’on appelle les formations indigènes, c’est-à-dire le vocabulaire créé en France à partir de mots déjà existants ou de contextes régionaux, sociaux, historiques, etc.

À QUELLE FAMILLE LINGUISTIQUE APPARTIENT LE FRANÇAIS ?

On suppose qu’il a existé, il y a plus de 3 000 ans, une langue qui serait l’ancêtre commun de la plupart des langues d’Asie et d’Europe : l’indo-européen.

Par exemple le mot mère en français se dit mater en latin, mêter en grec ancien, matar en sanskrit, mayr en arménien, mutter en allemand, mother en anglais, madre en italien et en espagnol, etc. Tous ces mots différents, qui se ressemblent beaucoup, viendraient de l’indo-européen mater.

PETITE HISTOIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE

La langue française est une langue romane ou néo-latine (comme l’italien, l’espagnol, le portugais et le roumain) qui vient en grande partie du latin.

Le latin parlé sur le territoire français a évolué avec le temps et est devenu, au Moyen Âge, du latin « vulgaire » ou « populaire », tandis que disparaissaient les langues de la Gaule, notamment le gaulois et le francique. Il reste du gaulois quelques termes ruraux comme « charrue », « sillon », « glaner ». Du francique, la langue des Francs, il ne reste que peu de mots, dont « France » et « français ».

Par la suite, la langue a continué son évolution. Avec l’usage, la langue orale s’est de plus en plus éloignée du latin populaire. Parallèlement, le français a continué de s’enrichir en empruntant des mots à d’autres langues ou en créant de nouveaux mots, au fur et à mesure des besoins.

LES EMPRUNTS AUX LANGUES ÉTRANGÈRES

La plupart des termes français sont issus du latin, mais d’autres langues ont aussi marqué l’histoire de notre langue. Le français a en effet emprunté de nombreux termes à d’autres langues et ce dans des contextes historiques, culturels ou sociologiques assez précis (une guerre, une colonisation, une amitié, etc.).

Le français a, par exemple, emprunté à l’Italien de nombreux mots relatifs à l’art de la guerre à la suite des guerres d’Italie (1494-1559). Ainsi le mot « citadelle » (citadella en italien) apparaît en français en 1495, le mot « canon » (canone en italien) en 1585 et le verbe « attaquer » (attacare en italien) emprunté en 1540.

Ces emprunts sont plus ou moins assimilés phonétiquement dans la langue française. En général, il a fallu au moins un stade d’adaptation à la phonétique française pour arriver à l’orthographe actuelle.

l'histoire de quelques mots, de l’arabe au français
sanskrit arabe latin médiéval espagnol italien ancien français français moderne
  (ar)rasif (chaussée, levée, digue)   arrecife     récif (1688)
çârkara sukkar     zucchero çucre sucre (xiie)
  ta'rifa (notification)     tariffa   tarif (1641)
  sifr (vide, zéro) zephirum   zefiro puis zero   zéro (1485)
  nuhh (moelle) nucha (xie)     nuche nuque (1377)
  mahzan (entrepôt), mazahin (pluriel) magazenum   magazzino maguesin magasin (v. 1400)
  zarafa   aro(r)afa (ancien espagnol) giraffa giras ou orafle Girafe (1298)
 

LES EMPRUNTS AUX LANGUES RÉGIONALES ET À L’ARGOT

Les emprunts aux langues régionales sont le plus souvent culturels (c’est-à-dire qu’ils restent marqués par la culture à laquelle ils ont été empruntés). Cependant certains mots sont entrés de façon plus durable et stable dans la langue française comme « bizarre » et « bagarre », issus du basque.

L’argot, en tant que langue populaire, a également apporté de nombreux mots à la langue française. Bien qu’un grand nombre de mots empruntés à l’argot soient toujours considérés comme argotiques, certains ont perdu leur caractère familier (coquille, boniment).

Dans les années 1980, un nouveau type de langue orale a fait son apparition, le verlan, qui s’amuse à inverser les syllabes de certains mots très utilisés. Certaines de ces modifications ont fini par se faire une place dans la langue française familière comme « keuf » (flic) ou « ripou » (pourri).

les emprunts aux langues régionales et à l’argot
   
alsacien choucroute, kouglof, winstub, baeckeofe, etc.
basque bagarre, bizarre, isard, chistera, etc.
breton dolmen, biniou, etc.
provençal cigale, cabas, etc.
argot coquille, grivois, boniment, mec, bidule, connerie, fric, chiper, casquer, etc.
verlan ripou, meuf, beur, trom(é), etc.
 

QUELQUES RÈGLES SUR L’ÉVOLUTION DE LA LANGUE FRANÇAISE

Les mots, même s’ils existent depuis des siècles, subissent une évolution liée soit à la grammaire, soit à la phonétique, mais ils peuvent également être soumis à d’autres procédés de création :

→ la dérivation : à partir d’un mot existant, par exemple un substantif, on peut former plusieurs dérivés, notamment un autre substantif, un verbe ou un adjectif et cela grâce à des préfixe et des suffixes.

exemples :
constitution → constitutionnel → anticonstitutionnel
manger → mangeable → immangeable
allier → alliance → mésalliance


→ la composition : la composition permet d’associer plusieurs mots ou racines existantes soit en un seul mot, soit avec un trait d’union.

exemples :
dès + ore (« maintenant ») + mais = désormais
social + professionnel = socioprofessionnel
thermos + mètre = thermomètre
pot-au-feu


→ l’analogie : par analogie (ressemblance) avec d’autres mots, des termes peuvent changer d’orthographe. On peut par ailleurs former des mots par analogie avec les sons, ce sont les onomatopées.

exemples :
guipillon (de guiper) devient goupillon par analogie avec goupil (le renard) qui est alors une fausse étymologie.
coucou, brouhaha, ronron sont des onomatopées


→ l’abréviation : l’abréviation est une évolution naturelle de la langue qui consiste à retrancher certaines lettres d’un mot ou d’un ensemble de mots afin d’en créer un nouveau plus court.

exemples :
pianoforte → piano
automobile → auto
cinématographe → cinéma → ciné
propriétaire → proprio

sigles, initiales, acronymes 
compact disk → CD
Société nationale des chemins de fer → SNCF
salaire minimum interprofessionnel de croissance → SMIC


La plupart des mots français qui ne sont pas issus du fond primitif ont été créés par besoin. Cependant la richesse de la langue française démontre que parfois les mots ont aussi été créés par amour de la langue, par goût pour les mots (poétique, rhétorique, politique, etc.) et aussi parfois par fantaisie verbale (les poètes et écrivains Raymond Queneau ou Henri Michaux ont par exemple créé des néologismes — de nouveaux mots — pour les besoins de leur poésie et de leur littérature).

ÉTYMOLOGIE

l'etymologieTous les mots ont une histoire. Ils ont traversé les époques et ont évolué au fil des siècles. L’étude de leur histoire s’appelle l’étymologie.

QU’EST-CE QUE L’ÉTYMOLOGIE ?

L’étymologie étudie l’origine des mots. Venant du grec etumologia, le mot « étymologie » signifie « le vrai sens d’un mot ».

L’étymologie consiste à établir des relations entre un mot et son étymon, c’est-à-dire le mot duquel il vient, son ancêtre en quelque sorte.

À QUOI SERT L’ÉTYMOLOGIE ?

L’étymologie permet souvent de comprendre le sens des mots d’aujourd’hui, et de retracer leur histoire afin de saisir leur sens dans certaines utilisations (on peut aussi dire : dans certaines « acceptions »).

Par exemple, le mot français « rien » vient du mot latin res, qui signifie « quelque chose », c’est-à-dire le contraire de ce qu’il signifie aujourd’hui en français ! Mais c’est cette étymologie qui permet justement de comprendre des expressions comme « trois fois rien » ou « un petit rien ».

QUE SONT LES DOUBLETS ?

Les doublets sont des mots qui ont le même étymon mais qui n’ont cependant pas suivi la même évolution dans la langue :

— l’un des deux mots a suivi la lente évolution de la langue française (du latin vulgaire, c’est-à-dire le latin parlé en Gaule romaine, à l’ancien français et au français moderne) ;
— l’autre mot a été emprunté plus tardivement au latin, souvent pour un usage scientifique.

Par exemple le mot latin causa a donné les mots chose et cause, qui sont des doublets :

— en effet le mot causa, en suivant les lois de l’évolution phonétique, du latin vulgaire (cosa), à l’ancien français (chiose) est devenu en français moderne chose ;
— le même mot causa a directement été emprunté au latin au Moyen Âge pour signifier en français la cause.

Il existe ainsi en français de nombreux doublets, comme la moule et le muscle (qui viennent du latin musculum), le poison et la potion (qui viennent de potionem) ou encore le métier et le ministère (qui viennent de ministium

les proverbes

Les proverbes sont des formules courtes et populaires qui expriment des idées admises comme vraies, des croyances répandues et des conseils.

 

« Le proverbe est une sentence commune à laquelle l'usage accorde foi, que l'opinion publique adopte et qui correspond à une vérité confirmée » (Mathieu de Vendôme, xiie siècle).

CARACTÉRISTIQUES D’UN PROVERBE

Le proverbe est

– une formule généralement courte : Tel père, tel fils ;

– une formule originaire de la tradition orale : À la Chandeleur, l'hiver se passe ou prend vigueur ;

– une formule généralement anonyme : Quand un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui disparaît (proverbe africain) ;

– une formule souvent au présent exprimant une vérité : L'homme est inconstant comme l'oiseau est volage (proverbe grec) ;

– une formule exprimant une logique : Couche-toi et sois malade, tu sauras qui te veut du bien et qui te veut du mal (proverbe espagnol) ;

– une formule à l’impératif exprimant un ordre : Dans le doute abstiens-toi.

Souvent la construction grammaticale du proverbe est ancienne, avec par exemple une absence d’article : Bien sent le feu de qui cape brûle (proverbe espagnol).

Souvent un proverbe fonctionne avec deux éléments (deux propositions ou deux groupes de mots à l'intérieur de la proposition) qui peuvent former une opposition sur le plan lexical : À père avare, fils prodigue.

La rime Grand Parleur, petit faiseur (proverbe québécois), la répétition Jeu de main, jeu de vilain ou le parallélisme Celui qui confesse son ignorance la montre une fois ; celui qui essaye de la cacher la montre plusieurs fois (proverbe japonais) viennent parfois souligner l'opposition.

Il existe aussi des proverbes non anonymes tirés de textes littéraires : « Beaucoup de bruit pour rien » est le titre d'une comédie de William Shakespeare, et « Tel est pris qui croyait prendre » est une phrase qui provient de la fable de La Fontaine « le Rat et l'Huître ».

DES PROVERBES VIEUX COMME LE MONDE

Il semble que les proverbes soient vieux comme le monde. Les Sumériens et les Égyptiens (les deux plus anciennes civilisations connues pour leur écriture) rassemblaient déjà des proverbes qui avaient, semble-t-il, des vocations pédagogiques.

Dans l’Antiquité, les auteurs grecs et latins considèrent le proverbe comme une vérité commune et reconnue par tout le monde.

Au Moyen Âge, le proverbe devient un énoncé à caractère universel emprunté le plus souvent aux sages de l'Antiquité. Le mot proverbe apparaît d’ailleurs en français au xiie siècle dans les Lais de Marie de France.

Le proverbe, qui acquiert souvent un caractère moral, se répand dans la plupart des cultures. On les collectionne, on les réunit, on les cite, on en crée. Ils deviennent alors populaires et individuels (maximes, aphorismes).

À la cour du roi de France, au xviie siècle, le jeu du proverbe est très à la mode. Chacun rivalise d’inventivité pour énoncer le plus beau proverbe. Parallèlement, Jean de La Fontaine, tout comme avant lui le fabuliste grec Ésope, se passionne pour les proverbes et trouve son inspiration dans les adages populaires. Le proverbe devient également un genre théâtral, une petite comédie improvisée illustrant un dicton populaire.

Le proverbe perd alors de sa splendeur et de son succès, laissant la place aux maximes, plus individuelles. Mais le genre renaît et est remis à l'honneur au xixe siècle par Alfred de Musset dans ses Comédies et proverbes (1840) : Il ne faut jurer de rien, On ne badine pas avec l'amour, Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée.

les homonymes

Les homonymes, aussi appelés homophones, sont des mots identiques par la prononciation et différents par le sens.

HOMONYMES ET HOMOGRAPHES

Il faut faire attention de ne pas confondre les graphies (l’orthographe des mots), ni les sens car on ne fait aucune différence à l’oral entre les homonymes.

→ painpeintpin se prononcent de la même manière, par exemple.

Certains homonymes sont également identiques par la graphie, c’est-à-dire qu’ils s’écrivent de la même façon ; on les appelle des homographes.

→ le mousse et la mousse.

QUELQUES EXEMPLES D’HOMONYMES

Les homonymes ont rarement la même histoire étymologique.

petite méthode mnémotechnique : les homonymes
 
         
L'ancre du bateau commence par a comme amarre,
l'encre du stylo commence par e comme écrire.
Le seau se rempli d'eau, le sot est idiot.
« Il était une fois une marchande de foie qui vendait du foie dans la ville de Foix. Elle se dit ma foi, c'est la dernière fois que je vends du foie dans la ville de Foix. »
Ma tante s'agite pour ériger sa tente.
La chne est couverte d'airain, le chêne d'écorce.
Le laid est disgracieux, le lait est tété.
 

Le vase et la vase

Le vase est l’homonyme, et même l’homographe, de la vase.

Ils n’ont pas seulement un sens différent — « récipient destiné à recevoir des fleurs » et « dépôt de terre et de végétaux en décomposition au fond d’une eau plus ou moins stagnante » — mais aussi une origine différente : le vase vient du mot latin vas qui signifie « récipient à liquide » ; tandis que la vase vient du néerlandais was qui signifie gazon.

La mer, la mère, le maire

Ces trois mots sont des homonymes et viennent respectivement des mots latins : mare, « étendue d’eau, mer » ; mater, « femme qui a mis au monde un enfant » ; major, « meilleur ».

Le sot, le seau et le sceau

Ces trois mots sont des homonymes et ont des origines très différentes : le sot a une origine inconnue mais désigne quelqu’un d’idiot ; le seau vient du latin populaire sitellus qui avait déjà le même sens, « récipient à liquide de forme cylindrique » ; le sceau quant à lui vient du latin classique sigillum, « figurine, ou signe » et « empreinte d’un cachet » qui lui donne son sens actuel.

Le moule et la moule

Le moule et la moule sont des homographes, mais ils ont deux étymologies différentes : le moule, qui sert à faire un gâteau, vient du latin modulus « petite mesure » ; la moule, le mollusque, vient du mot latin musculus qui a le même sens.

les synonymes et les antonymes

LES SYNONYMES

Les synonymes sont des mots identiques ou voisins par le sens et différents par la forme.

Les synonymes présentent souvent des nuances du point de vue du sens

« manger » a pour synonymes « se nourrir », « dévorer », « grignoter », etc.

« Se nourrir » est son synonyme le plus neutre, le plus proche, mais « dévorer » et « grignoter » apportent des nuances :

– « dévorer » signifiant « manger avec avidité »,

– « grignoter » signifiant « manger par petites quantités ».

Les synonymes peuvent appartenir à des niveaux de langue différents

« discuter » a pour synonymes « papoter » ou « jacasser » qui sont des verbes de registre familier que l’on n’emploie pas avec n’importe qui.

Les synonymes appartiennent toujours à la même classe grammaticale

Par exemple, un nom commun aura toujours pour synonyme un autre nom commun, tout comme un adjectif aura toujours pour synonyme un autre adjectif.

Témoignant de la richesse de la langue française, l’usage du synonyme permet de ne pas se répéter ou d’enrichir son vocabulaire.

LES ANTONYMES

Les antonymes sont des mots de sens contraire.

Les antonymes ont les mêmes caractéristiques que les synonymes

Les antonymes (par exemple : gentil / méchant), tout comme les synonymes, peuvent présenter des nuances du point de vue du sens (gentil / dur), ou appartenir à des niveaux de langue différents (gentil / rosse). Ils appartiennent également toujours à la même classe grammaticale.

Transformer un mot en son contraire

On peut aussi transformer, grâce à des préfixes, un mot en son contraire :

avec le préfixe dé- : raisonnable / raisonnable
avec le préfixe dis- : proportion /disproportion
avec le préfixe il- : logique / illogique
avec le préfixe in- : achevé / inachevé
avec le préfixe mal- : heureux / malheureux
avec le préfixe mé- ou mes- : content / content
avec le préfixe in- (et ses variantes im-, il-, ir-) : inexact, impoli, illégalité, irrégulier.

Il existe également des couples de préfixes et suffixes de sens contraires :

en- / dé- (embarquer, barquer)
in- / ex- (inhaler, exhaler ou immigrer, émigrer)
intro- / extra- (introverti, extraverti)
sous- / sur- (sous-estimer, surestimer)

les préfixes et les suffixes

Les préfixes et les suffixes sont des éléments qui s’ajoutent au radical, c’est-à-dire à la partie fixe (la racine) d’un mot. Le préfixe se place avant le radical tandis que le suffixe se place après. Les mots composés d’un radical, d’un préfixe et/ou d’un suffixe s’appellent des mots dérivés.

Le préfixe ne change pas la nature du mot. Par exemple, un verbe auquel on ajoute un préfixe donne un dérivé qui est lui-même un verbe.

Un suffixe, quant à lui, peut changer la nature du mot. On peut, par exemple, former avec l’adjectif « heureux », l’adverbe « heureusement ».

QUELQUES PRÉFIXES ET LEURS SENS

 dé-, il-, in-, mal- ajoutés à des mots créent des mots dérivés de sens contraire : déraisonnable, illimité, inapproprié, malhonnête sont les contraires de raisonnable, limité, approprié, honnête.

 a-, an- ajoutés à des mots signifient « sans » ou « qui n’est pas » : aphone signifie « sans son » et analphabète « qui n’est pas alphabétisé ».

→ di(s)- signifie « deux » : diptère (deux ailes), distique (deux vers).

→ dia- signifie « à travers » : diamètre (« ligne qui traverse un cercle »).

→ ex-, e-, ef-, es- signifient « hors de », « enlever », « ôter » : expatrier (être « hors de sa patrie »), étêter (« enlever la tête »), effeuiller (« ôter les feuilles »), essouffler (être « hors de souffle »).

→ extra- signifie « hors de » : extraordinaire (« hors de l’ordinaire »).

→ inter- signifie « entre » : interactif (« qui permet une action entre plusieurs personnes ou éléments »).

→ mé(s)- signifie « mal » : médire (« dire du mal de »), mésaventure (« une mauvaise aventure »).

→ néo- signifie « nouveau » : néophyte (« novice », « personne qui est nouvelle dans un domaine »).

→ para- signifie « à côté de, contre » : parasol (« contre le soleil, qui protège du soleil »), parascolaire (« à côté du scolaire, qui est lié au scolaire »).

→ péri- signifie « autour de » : périmètre (« zone qui est délimitée »).

→ poly- signifie « plusieurs » : polycopié (« qui est reproduit en plusieurs exemplaires »).

→ post- signifie « après » : postdater (« dater avec une date ultérieure, future »).

QUELQUES SUFFIXES ET LEURS SENS

→ -able, -ible, -uble expriment la « possibilité » active ou passive : durable (« qui peut durer »), flexible (« qui peut fléchir, être souple »), soluble (« qui peut se dissoudre »).

→ -ais, -ois signifient « qui habite » : français (« qui habite la France »), Bruxellois (« qui habite Bruxelles »).

→ -ard exprime quelque caractère péjoratif : un vantard (« qui se vante en embellissant la réalité »).

→ -et, -elet sont l’expression d’un diminutif : osselet (« petit os »), maigrelet (« petit maigre »).

→ -eur, -eux sont l’expression d’un caractère : courageux (« qui a du courage »), rageur (« qui manifeste de la rage »).

→ -issime est une marque du superlatif : sérénissime (« d’une immense sérénité »), grandissime (« très grand »).

→ -ifier signifie « rendre » : solidifier (« rendre solide »).

On peut aussi transformer, grâce à des préfixes, un mot en son contraire :

avec le préfixe dé- : raisonnable / raisonnable
avec le préfixe dis- : proportion / disproportion
avec le préfixe il- : logique / illogique
avec le préfixe in- : achevé / inachevé
avec le préfixe mal- : heureux / malheureux
avec le préfixe mé- ou mes- : content / content
avec le préfixe in- et ses variantes im-, il-, ir- : inexact, impoli, illégalité, irrégulier.


Il existe également des couples de préfixes et suffixes de sens contraires :

en- / dé- (embarquer, barquer)
in- / ex- (inhaler, exhaler ou immigrer, émigrer)
intro- / extra- (introverti, extraverti)
sous- / sur- (sous-estimer, surestimer).

le mot

Le mot est une suite de lettres autonome que l’on peut utiliser dans une phrase et qui constitue la plus petite unité de sens à laquelle on peut donner une définition.

histoires de mot
 
Le « mot » est un mot qui aime s'encanailler avec d'autres mots. Découvre une grande partie des locutions qui contiennent le mot « mot » à travers cette petite histoire de mots...
« Parce qu'il a des mots avec elle, qu'il a deux mots à lui dire, en deux mots, en un mot même, et pas un mot d'enfant, il lui en touche un mot, sans mâcher ses mots, un mot d'ordre, au bas mot.
C'est un bien grand mot, dit-elle, puis, le prenant au mot, elle ne souffle plus mot. Alors elle cherche ses mots, trouve le mot juste, sans prendre un mot pour un autre et sans un mot plus haut que l'autre pour lui dire deux mots, mais à mots couverts, à demi-mot, avec un mot d'esprit, un mot doux, un mot d'auteur, peut-être bien le mot de la fin. »
 

 

Par exemple, dans incapable, in- a bien un sens (il exprime le contraire), mais il ne peut pas s’employer seul. In- n’est donc pas un mot puisque ce n’est pas une suite de lettres autonome. La phrase Thomas est parti chez sa tante. comprend en revanche 6 mots.

Le plus souvent, le mot correspond à l’écrit à un groupe de lettres que l’on fait précéder et suivre d’un blanc. À l’oral cette séparation n’existe pas : on dit les mots les uns à la suite des autres sans pause entre chacun d’eux.

Mais attention : dans l’expression prendre son petit déjeuner, on compte seulement 3 mots car petit déjeuner (qui s’écrit aussi petit-déjeuner) peut être considéré comme un seul mot puisqu’il désigne une seule chose (comparez avec la phrase servir un grand déjeuner dans laquelle on compte effectivement 4 mots).

Chaque mot est caractérisé par :

 

  • sa prononciation et sa graphie (son orthographe), tout du moins pour les langues qui connaissent un code écrit ;
  • sa catégorie grammaticale (si c’est un nom, un verbe, etc.) ;
  • son sens.

L’ensemble des mots d’une langue constitue son lexique. Il est impossible de compter précisément le nombre de mots d’une langue car de nouveaux mots sont créés chaque jour, d’autres disparaissent, certains ne sont connus que d’un très petit nombre de spécialistes

la phrase

Une phrase est une suite de mots qui constitue une unité de sens. À l’écrit, en français, la phrase commence par une majuscule et se termine par un point ou un signe de ponctuation forte (point d’interrogation, d’exclamation, etc.). À l’oral, elle constitue également une unité dans son intonation : chaque phrase est séparée de la suivante par une pause plus longue.

« la Courbe de tes yeux », poème en deux phrases de Paul Éluard
 
La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.
 

 

 

Dire qu’une phrase constitue une unité de sens revient à dire qu’elle signifie quelque chose, indépendamment de tout autre mot ou groupe de mots. Dans l’exemple suivant Il fait beau aujourd’hui. Je vais aller me promener., il y a deux phrases, et chacune est indépendante de l’autre. Par ailleurs l’expression fait beau utilisée toute seule n’a pas de sens et n’est pas correcte grammaticalement, car il manque le sujet il.

La longueur des phrases est très variable : une phrase peut être très courte et se réduire à un mot (Entrez. Attention !) ou au contraire tenir sur plusieurs lignes.

Le plus souvent, les phrases contiennent un verbe conjugué, mais ce n’est pas obligatoire (Attention à la marche ! Beau temps sur toute la France). Dans ce cas, on parle de phrase averbale (c’est-à-dire sans verbe) appelée aussi phrase nominale.

Les mots sont placés dans un certain ordre au sein de la phrase et ils entretiennent entre eux différentes relations (sujet, verbe, complément, etc.). C’est ce qu’on appelle la syntaxe. C’est la syntaxe qui donne un sens précis à la phrase. Ainsi Romain Natacha aime n’est pas une phrase car l’ordre des mots n’est pas correct ; on remarque aussi que Romain aime Natacha n’a pas le même sens que Natacha aime Romain.

Pour se souvenir des conjonctions de coordination
 
« Mais où est donc Ornicar ? »
mais, ou, et, donc, or, ni, car
 

le verbe

le nom

variation de genre…
 
Du masculin au féminin, histoire des noms qui changent de genre... au pluriel.
Le nom amour est masculin au singulier, on dit « un grand amour ». Au pluriel, en revanche, les amours sont féminines... « mes premières amours... »
Le nom de l'instrument de musique orgue est masculin au singulier, mais dans un langage soutenu quand on veut insister sur la beauté de l'instrument, il peut changer de genre au pluriel, on parle alors des « grandes orgues d'une cathédrale ».
Le nom délice était à l'origine féminin, et s'employait essentiellement au pluriel. Aujourd'hui, utilisé beaucoup au singulier, il est devenu masculin mais on utilise dans la langue littéraire encore « les merveilleuses délices » pour exprimer d'intenses plaisirs.
 

 

Pour être employé dans une phrase, le nom a le plus souvent besoin d’être précédé d’un déterminant (le, une, mes, etc.). C’est ce déterminant qui permet au nom de sortir de son statut de simple mot de dictionnaire (enfant) en le renvoyant à quelqu’un ou quelque chose de précis (un enfant, cet enfant, nos enfants, etc.).

 

  • Le nom possède un genre en lui : il est soit masculin, soit féminin.
  • Le plus souvent ce genre est indépendant du sens (un océan, une mer).
  • Mais pour les noms qui désignent les personnes, le genre dépend généralement du sexe de la personne (un père, une mère).

En revanche, le nombre d’un nom dépend du sens : il est au singulier s’il désigne un seul être ou une seule chose, il est au pluriel s’il en désigne plusieurs.

Le nom est le noyau du groupe nominal : il peut être accompagné d’un ou de plusieurs adjectifs épithètes, d’un ou de plusieurs compléments d’objet ou circonstanciels (la première encyclopédie des jeunes). Il peut être également complété par une proposition subordonnée ou relative (une encyclopédie qui se veut complète).

En tant que noyau du groupe nominal, le nom donne son genre et son nombre aux mots qui s’accordent avec lui, notamment les déterminants et les adjectifs.

Au sein de la phrase, le nom peut occuper différentes fonctions : sujet, complément, attribut,

Le pronom est un mot qui peut occuper la place d’un nom ou d’un groupe nominal.

 

Par exemple la phrase :

Elle en joue.

dans laquelle Elle et en sont des pronoms, peut se substituer à la phrase :

Natacha joue du piano.

Cela ne veut pourtant pas dire que le pronom « remplace » toujours un nom. Si quelqu’un dit « Je joue du piano. », le pronom je ne remplace aucun nom, il désigne directement la personne qui parle.

Contrairement au nom, le pronom n’a pas de définition. On peut donner une définition à enfant, mais on ne peut pas en donner à il.

Quand le pronom remplace un nom, on dit que ce nom est l’antécédent du pronom. Ainsi on peut employer un pronom et son antécédent pour éviter les répétitions (Romain a trouvé une voiture. Il l’a achetée.).

Même lorsqu’il ne change pas de forme, le pronom porte toujours en lui un genre, un nombre et une personne (qui, par exemple, peut être masculin ou féminin, singulier ou pluriel, de la 1re, 2e ou 3e personne : c’est moi qui suis arrivée la première ; c’est vous qui êtes arrivées les premières). Il est toujours important de bien repérer le nombre, le genre et la personne d’un pronom pour faire les bons accords.

Il existe plusieurs catégories de pronoms :

 

  • personnels (je, tu, moi, te, lui, nous, les, etc.) ;
  • possessifs (le mien, le tien, les vôtres, les leurs, etc.) ;
  • démonstratifs (celui, celle, ceux-là, ceci, ça, etc.) ;
  • relatifs (qui, que, quoi, dont, où, lequel, laquelle, desquels, auxquelles, etc.) ;
  • interrogatifs (qui ?, que ?, quoi ?, lequel ?, etc.) ;
  • indéfinis (aucun, on, tout, personne, certain, d’aucuns, plusieurs, etc.) ;
  • numéraux (deux, trois, quatrième, etc.).
les pronoms possessifs
 
? Quand il y a un seul objet et un seul possesseur, on utilise :
le mien, la mienne ;
le tien, la tienne ;
le sien, la sienne.
? Quand il y a un seul objet et plusieurs possesseurs, on utilise :
le/la nôtre ;
le/la vôtre ;
le/la leur.
? Quand il y a plusieurs objets et un seul possesseur, on utilise :
les miens, les miennes ;
les tiens, les tiennes ;
les siens, les siennes.
? Quand il y a plusieurs objets et plusieurs possesseurs, on utilise :
les nôtres ;
les vôtres

l'adjectif qualificatif

les compléments d'objet

les compléments circonstanciels

Les compléments circonstanciels (CC) apportent des informations sur le cadre dans lequel s’est déroulée l’action exprimée par le verbe.

 

Par exemple, dans la phrase Elsa a retrouvé son frère mardi à Nice avec joie, les précisions mardi, à Nice et avec joie apportent des informations supplémentaires sur les circonstances dans lesquelles s’est déroulée l’action.

Les compléments circonstanciels répondent aux questions  ? quand ? comment ? pourquoi ? avec qui ?, etc. Ainsi, les principales catégories de compléments circonstanciels sont :

 

  • le complément de lieu : Elle est arrivée à Nice.
  • le complément de temps : Elle est arrivée mardi.
  • le complément de manière : Elle l’a retrouvé avec joie.
  • le complément de moyen : Il écrit avec un stylo.
  • le complément d’accompagnement : Je pars avec toi.
  • le complément d’opposition ou de concession : Je pars malgré la pluie.
  • le complément de condition : Je partirai s’il fait beau.

Mais on peut exprimer de nombreuses autres circonstances, notamment :

 

  • le but : Il a triché pour gagner.
  • la cause : Elle a volé le collier par jalousie.
  • la conséquence : Elle l’a retrouvé pour son plus grand bonheur.
  • la matière : Il a construit sa maison en carton.
  • la comparaison : Il ment comme il respire.
  • la quantité (le poids, la distance, le prix, etc.) : L’escargot a avancé de 2 cm !

Trois points permettent de distinguer les compléments circonstanciels des compléments d’objet :

 

  • le complément circonstanciel peut être généralement supprimé : Elsa a retrouvé son frère.
  • le complément circonstanciel peut généralement être déplacé : Ce matin, elle a retrouvé son frère.
  • la préposition qui introduit le complément dépend du sens du complément et non pas du verbe : Elle a retrouvé son frère sur le bateau, par hasard, avec ses parents, etc.

Le plus souvent, le complément circonstanciel est :

 

  • un nom, un pronom ou un groupe nominal introduit ou non par une préposition : Je suis arrivé à Nice.
  • un adverbe : Il est parti hier.
  • une proposition : Il est parti quand je suis arrivé.
  • un infinitif : Il travaille pour vivre.
  • un gérondif : Il apprend en s’amusant.
Pour se souvenir des principales prépositions
 
« Adam part pour Anvers avec cent sous, entre derrière chez Decontre »
à, dans, par, pour, en, vers, avec, sans, sous, entre, derrière, chez, de, contre.

la proposition principale

La proposition principale est autonome : elle peut s’employer seule, et contient un terme dont dépend une autre proposition qu’on appelle proposition subordonnée (qui, pour sa part, dépend totalement de la proposition principale).

Ainsi, dans la phrase Alice a rencontré Sacha au moment où il prenait le train, la proposition Alice a rencontré Sacha est la proposition principale dont dépend la proposition subordonnée au moment où il prenait le train.

La proposition principale comporte le plus souvent un verbe conjugué. Mais ce n’est pas toujours le cas. Dans Bienvenue aux nouveaux qui viennent de nous rejoindre, Bienvenue aux nouveaux est une proposition principale sans verbe.

Une proposition ne peut être principale que s’il y a une proposition subordonnée. Sans quoi on parle de proposition indépendante : Alice attend Sacha au prochain train, cette phrase ne contenant aucune proposition subordonnée, il s’agit d’une proposition indépendante. Et inversement : il ne peut y avoir de proposition subordonnée s’il n’y a pas de proposition principale